Dans quelle mesure peut-on co-construire les savoirs ? Suite du débat méthodo ÉRIGAL
Dans la continuité du dernier atelier méthodo de l’ÉRIGAL, nous nous sommes penché.es sur l’idée de co-construction des savoirs en invitant Jenny Pearce (LSE, Royaume-Uni) pour alimenter les réflexions du groupe.
À cette occasion, Jenny Pearce nous a présenté sa trajectoire en recherche-action participative qu’elle a favorisé dans ses travaux depuis les années 1980, approche notamment orientée vers le changement social par le bas. Elle a ensuite insisté sur le fait qu’un contexte de mobilisations sociales préexistant facilite la mise en place de ce type de méthode. Aussi, la professeure a souligné la tension qui existe entre une démarche interactive qui s’oppose au processus traditionnel extractif dans les sciences sociales. Enfin, elle a conclu en montrant que la recherche-action participative permet de co-produire des savoirs auxquels nous n’aurions pas accès autrement mais qu’elle implique un engagement soutenu, non seulement politique mais aussi souvent émotionnel.
Ensuite, trois professeurs membres de l’ÉRIGAL nous ont partagé leurs expériences en la matière. Thomas Collombat nous a d’abord expliqué les relations d’échange et de transfert de connaissances qu’il entretenait avec certains de ses enquêté.es, responsables de syndicats. Il nous a invité à nous demander « avec qui parle-t-on ? », impliquant de prendre conscience de la position des individus avec qui nous nous entretenons dans le cadre de nos recherches. Par la suite, Jean François Mayer s’est fondé sur son expérience de collaboration avec un syndicat de base de travailleuses domestiques dans la ville de São Paulo. En se positionnant à la jonction de la recherche coopérative et la recherche-action, il a mis l’accent sur plusieurs éléments : (1) la construction préalable de relations de confiance indispensables à toute approche coopérative; (2) la nécessité de convergence d’intérêts entre le.a chercheur.e et les participant.es; et (3) participer à l’impulsion de changements. Enfin, Dan Furukawa Marques, à partir de son expérience avec le Mouvement des Sans Terre (MST) au Brésil, a illustré qu’il pouvait être plus fructueux de participer à la recherche de solutions en posant des questions davantage qu’en apportant des réponses toutes faites.
Comme à notre habitude, nous avons terminé l’atelier en laissant en suspend une nouvelle question : qu’en est-il des étudiant.es au doctorat ? Peuvent-iles aspirer à des dispositifs de recherche-action participative malgré les contraintes de temps et d’argent ?