Félicitations aux doctorant-es de l ÉRIGAL récipiendaires des bourses du FRQSC !
Juan Manuel Morales est doctorant au département de science politique de l'Université de Montréal, sous la direction de Françoise Montambeault. Intitulé "Engagement militant à droite dans des contextes à haute inégalité", vous trouverez ci-dessous un résumé de son projet de thèse :
Les dernières années, on a pu constater le dynamisme des mouvements sociaux de droite qui défendent des enjeux comme le capitalisme, les valeurs traditionnelles, la diminution de l’État, la sécurité punitive ou la fermeture des frontières. Le Brexit, le Tea Party, la Manif pour tous, le mouvement contre l’accord de paix en Colombie et le Mouvement Brésil libre en sont des exemples (Pleyers 2019). Malgré l’importance de ces mouvements et leur impact sur la société et la politique, les chercheur.es en sciences sociales ont tendance à s’intéresser plus aux mouvements de gauche ou progressistes (Collovald et Agrikoliansky 2014). Ce biais est évident aussi en ce qui concerne les études sur l’engagement militant en Amérique latine, une région reconnue pour ses inégalités saillantes (« World Bank Gini Index » 2022). Toutefois, après le virage à gauche des années 2000, l’on observe une montée de la droite aussi dans cette région (Levy et Larrabure 2021).
L’engagement pour la droite est particulièrement paradoxal dans le cas de la Colombie, un pays qui n’a jamais été gouverné par la gauche (Gamboa Gutiérrez 2019) et qui détient des taux d’inégalité au-dessus de la moyenne pour la région. Pourquoi les gens s’engagent-ils à militer pour la droite dans des contextes à haute inégalité ? Est-ce que la manière comme les activistes interprètent leur soutien varie d’après leur contexte socioéconomique ? Comment les gens abordent-ils les inégalités dans l’engagement à droite ? En mobilisant la littérature sur les mouvements sociaux, l’engagement militant et la contestation des groupes dominants, je compte réaliser une étude comparative des différents activismes de droite en Colombie pour aborder ces questions de recherche.
Garance Robert est également doctorante au département de science politique de l'Université de Montréal, sous la direction de Françoise Montambeault (UdeM) et Delphine Lacombe (CNRS).
Son projet de thèse a pour titre "Appropriation et usages des normes : les trajectoires des luttes pour les droits humains au Guatemala et au Nicaragua". Il prend comme point de départ le constat que si les droits humains font aujourd'hui l'objet d'une protection juridique extensive au niveau international, et qu’un nombre grandissant d'États reconnaît ces droits au niveau national, il reste des espaces dans lesquels l'écart entre les normes et les pratiques est immense. Les pays d'Amérique centrale font ainsi partie de ces lieux où les droits humains continuent à faire l'objet d'atteintes systématiques et où ces normes sont contestées par de larges groupes de la société. Malgré ce contexte a priori peu favorable, un très grand nombre de personnes continuent à lutter à partir de ce langage et, ce faisant, à s'appuyer sur des normes de droits humains formulées dans une large mesure dans la sphère internationale.
Partant de ce constat, ce projet de recherche entend comprendre : comment et pour quelles raisons des acteur·ices qui s’identifient comme des « défenseur·es » s’approprient et s’appuient sur ces normes de droits humains ?
Pour répondre à cette question, l’on propose de comparer le Nicaragua et le Guatemala, considérant leur contexte similaire dans les années 1990 (démocratisation et accords de paix), menant à une trajectoire distincte. En effet, si les garanties liées à l’État de droit au Guatemala sont faibles et en constante régression depuis quelques années, de nombreuses victoires significatives ont tout de même été remportées par ces mouvements. En revanche au Nicaragua, la suspension des libertés individuelles est totale depuis 2018, après une fermeture progressive à partir de 2006.
La recherche entend donc comprendre les raisons de l'adoption de ces normes de droits humains par les "défenseur·es", comprendre comment ces acteur·ices interprètent et rediffusent ces normes et enfin les liens de ces phénomènes avec leurs contextes nationaux.
Un grand bravo à elleux !